Il n’y a jamais eu autant de paperasse, inutile.
Les salaires sont parmi les plus bas, les classes sont parmi les plus chargées des pays équivalents, et de plus en plus de gens considèrent que ce métier est difficile.
Il faut maintenir les écoles ouvertes, ha… OK…
C’est essentiel, alors… pourquoi avoir supprimé autant de cours ?
Coucou les journalistes, y a quelqu’un ?
On pourrait ainsi dire, avec un peu d’espièglerie, qu’avec les réformes, et donc moins d’heures de cours, c’est finalement l’État qui de fait, crée un décrochage scolaire (avec, comble du cynisme, la mise en avant de l’accompagnement personnalisé et de cours donnés pendant les vacances, qui permet surtout d’attaquer le statut de l’enseignant).
Nous avions pourtant déjà l’une des écoles les plus inégalitaires.
L’ascenseur social est en dérangement, prenez l’escalier.
Je n’ai jamais vu autant de collègues en burn-out.
(Pour ceux que cela ferait sourire, mesurons la difficulté d’un métier à la tension nerveuse qu’il engendre. Souvenez-vous lorsque vous avez dû faire l’école à la maison, et multipliez par trente ).
Il n’y a jamais eu autant de démissions de profs.
Je pense aux surveillants, aux CPE, aux COP, aux infirmières scolaires, aux agents, à tous ces personnels à qui l’on demande de faire toujours mieux avec moins.
À force de tendre l’élastique, il se casse.
Je pense aux élèves en situation de handicap, à qui l’on a promis l’inclusion, et qui se retrouvent sans AESH (accompagnant d’élève en situation de handicap), AESH précaire, que l’on oblige à aller sur plusieurs établissements pour un salaire honteux.
Je pense aux soignants avec qui j’avais manifesté BIEN AVANT la pandémie pour réclamer des moyens.
C’est le bordel dans votre classe ? C’est votre faute, peu importe si votre établissement est sorti des dispositifs ZEP, ou autre, peu importe s’il n’y a plus d’éducateur ou d’assistante sociale, peu importe si l’élève est en révolte à cause d’une orientation subie, faudra faire avec.
Il n’y a jamais eu autant de collègues en galère de mutation, sur les routes depuis des années (”vous le saviez en passant le concours” sauf que… les réformes ont rendu difficile voire impossible beaucoup de mutations).
Et on aura beau bondir comme un cabri sur sa chaise pour affirmer l’importance des valeurs citoyennes, si vous faites décliner les services publics, vous aurez beau accrocher des drapeaux, ils auront du mal à masquer les lézardes, masquer le vide, quelle que soit la nouvelle organisation géniale que vous proposez.
Le cœur du métier était d’accompagner les élèves au mieux et de construire les cours les plus attractifs possibles, il est devenu… la gestion des carences de la société à l’aide de paperasse numérique, qui ne règle rien, mais produit des indicateurs le faisant croire.
Les nouveaux programmes sont pour beaucoup du saupoudrage, ben oui : il ne faudrait pas qu’avec les suppressions de cours, on s’aperçoive… que l’on supprime des cours.
Les apprentissages nécessitent pourtant un temps incompressible.
Diminuer progressivement les services publics depuis trente ans à des conséquences sur les quartiers, sur les campagnes, sur la violence, le vivre ensemble… on ne peut pas après se plaindre de dérives.
Regardez autour de vous : combien de fermetures pour combien de créations ?
Point de salut hors de la fermeture, c’est ça le projet ?
Nous sommes au bout d’une lente et continuelle suppression des services publics, nous arrivons au point de rupture.
Spoiler alert : nous sommes partis pour entendre parler pendant vingt ans de la dette covid, et on trouvera toujours une raison pour ne pas s’attaquer sérieusement à l’évasion/optimisation fiscale.
Je n’ai jamais vu autant de profs demander quel jour tombait le salaire, autre détail révélateur de situations difficiles.
Parlons aussi en termes de qualité de service : les collègues sont obligés d’accepter des charges supplémentaires, ce qui permet de sucrer d’autres postes.
Je le dis franchement, pour les non-initiés, préparer correctement une heure de cours nécessite un temps incompressible, augmenter les tâches diminue forcément la qualité de l’enseignement.
Je comprends que gérer une pandémie mondiale n’est pas aisé, mais le gouffre n’a jamais été aussi grand entre les annonces et la réalité.
Dire qu’il n’y a pas de risques à l’école, alors que le reste des salariés qui le peuvent ont une obligation de télétravail… ça fait désordre.
L’État a aussi, sous prétexte de décentralisation, abandonné aux régions et aux départements de nombreuses responsabilités, sans en transférer les moyens, créant de fait, une inégalité.
Vous n’aurez plus le même diplôme suivant le lieu où vous habitez.
Selon nos chers communicants aux dents longues de la start-up nation, quand on veut, on peut, c’est oublier bien vite le déterminisme social, tenace.
Citez moi une réforme de ces dernières années, qui n’a pas induit (volontairement ou non) des fermetures de postes et une baisse du nombre d’heures de cours ? Donc, la seule solution pour améliorer l’école, c’est moins d’école ?
Tout cela je le dis AUSSI en tant que parent.
Donc, Jean-Mimi, si les collègues font grève, ce n’est pas contre le vilain virus comme tu l’affirmes.
Selon nos chers communicants aux dents longues de la start-up nation, quand on veut on peut, c’est oublier bien vite le déterminisme social, tenace. Citez moi une réforme de ces dernières années, qui n’a pas induit (volontairement ou non) des fermetures de postes et une baisse du nombre d’heures de cours ?
Donc, la seule solution pour améliorer l’école, c’est moins d’école ?
Tout cela je le dis AUSSI en tant que parent.
Donc, Jean-Mimi, si les collègues font grève, ce n’est pas contre le vilain virus comme tu l’affirmes.
On en a gros, depuis trop longtemps. »